Depuis l’aube de l’humanité, les êtres humains voyagent pour leurs survies, les loisirs ou le business. Quoi qu’on en dise, les femmes ne font pas exception et sont aussi du voyage comme l’indique très justement l’autrice et voyageuse Lucie Azéma.
Si le voyage a longtemps été raconté par les hommes et pour les hommes, de plus en plus de femmes prennent la route un sac sur le dos pour découvrir le monde. Longtemps invisibilisées, les femmes ont parcouru le monde, l’on cartographié, photographié, dessiné et raconté. Notre société porte encore aujourd’hui les stigmates d’une culture misogyne désuète du XIXème et XXème siècle.
“La culture ne crée pas les gens. Les gens créent la culture”
Chimamanda Ngozi Adichie
Pour cela, petit à petit, les femmes s’émancipent et agissent sur les conditions auxquelles elles sont confrontées. Cette prise de pouvoir par les femmes pour elle-même par le voyage est appelé ici empowerment féminin par le voyage.
Dans cet essai, nous esseairons de voir pourquoi au XXIème siècle il est encore si compliqué pour les femmes de voyager seule. Nous expliquerons en quoi voyager permet l’émancipation féminine et quel impact cela a-t-il sur les femmes et la société.
Ces questions sont d’importance, car le voyage est un miroir grossissant du quotidien. Les stéréotype de genre que nous expérimentons banalement au quotidien sont plus marqué encore lorsque l’on prend la route.
Dans cet article, je vous propose dans un premier temps de détricoter les stéréotypes et préjugés qui pèsent sur les voyageuses et plus largement les femmes. Puis je vous expliquerai en quoi le voyage permet selon moi un empowerment féminin et enfin nous discuteront des conséquences de cette libération par le voyage.
Clichés sur les femmes qui voyagent
La voyageuse solitaire, une proie ?
Naïve, fragile ou facile toutes ces fausses croyances autour de la voyageuse sont véhiculées en partie par un langage encore lourd de connotations misogynes comme le mot aventurière qui n’est pas le féminin du mot aventurier. Derrière ces adjectifs qualificatifs, se cache encore et toujours le mythe de la peureuse (ou sainte) et la putain. Les femmes seraient peureuses, fragiles, faibles. Leur vertu serait à protéger sinon quoi elles ne seraient pas ou plus respectables.
Pourquoi la langue française est sexiste, par Catherine Arditi

Cette stigmatisation à l’égard de la gent féminine concernant une certaine fragilité, un manque de force ou de courage n’est qu’une construction sociale obsolète, écrite par des hommes en mal de masculinité.

De nombreuses dissuasion porteront sur la sécurité des femmes et surtout le risque de viol. Ne vous laissez pas leurrer, les femmes ne sont pas plus des proies que les hommes des prédateurs.
Infantilisation féminine
À chacun de mes voyages, seule, en couple ou en groupe, il y a toujours eu une personne bienpensante pour remettre en cause mes capacités et mes choix. Comme si, en tant que femmes, je ne savais pas ce qui était bon pour moi-même. Comme si, je n’étais pas capable de m’informer où d’organiser mes voyages. Cette infantilisation, c’est une volonté de soumettre, de dominer.
Dans notre société, il y a un réel malaise sur l’accès aux femmes à l’âge adulte, à l’autonomie, aussi bien sur l’image que sur les actions. De la liberté de sortir jusqu’à l’épilation, la société s’acharne à vouloir que les femmes restent jeunes et soumises aussi bien physiquement et intellectuellement. Si l’infantilisation des femmes et ridicules, elle est surtout dangereuse. Je vous laisse regarder ci-dessous une vidéo qui traite du sujet et parle du lien pédophilie- infantilisation féminine.

Le mythe de Penelope ou la femme au foyer
Dans l’imaginaire collectif, la femme n’est qu’un point d’attache. Tel Pénélope attendant Ulysse, la femme est dépeinte comme une figure sédentaire dans l’attente de l’aventurier, liée à l’immobilité du foyer.
De la Grèce antique à l’American way of Life, la femme est rattaché à l’intérieur, au monde finit d’une maison. S’il est aujourd’hui aussi difficile pour les femmes de quitter le foyer, c’est à cause de ce mythe de Pénélope attendant Ulysse.
Sauf qu’en réalité, les femmes n’ont jamais été sédentaires. Au paléolithique, ce sont les femmes qui quittaient la tribu pour rejoindre un autre clan. Elles participaient à la chasse et à la cueillette parcourant ainsi autant de kilomètres que les hommes. Les femmes ont été des guerrières, loin des attributions du foyer que l’on qualifie aujourd’hui de traditionnelle. Lors des conquêtes de l’ouest ou des explorations, de nombreuses femmes étaient là et ont témoigné.
S’émanciper par le voyage
Arrêter de s’auto saboter
Ce que j’ai découvert avec le voyage en solitaire, c’est qu’il permet de faire le point sur notre vie en quittant le quotidien qui nous épuisent et en étant à l’écoute de nous-mêmes. Le voyage en solitaire regroupe 3 choses primordiales :
- L’espace et le temps pour faire le bilan. C’est un moment à soi et pour soi que l’on s’offre. On n’a pas besoin d’attendre les autres ou de mettre de l’eau dans son vin.
- Arrêter d’avoir peur et agir. Lorsque l’on a des comportements auto destructifs, c’est que généralement on a l’impression d’être bloquée par la peur les habitudes et cetera. Le fait de voyager, d’agir, de sortir de son train-train quotidien, permet de prendre un certain recul d’appréhender les choses différemment.
- Lâcher du lest. Partir avec juste un sac à dos et seule ça permet de se focaliser sur l’essentiel pour ma part à chacun de mes voyages solitaires ces derniers ont été l’occasion de faire le tri dans mes relations ou au niveau professionnel quand on a la tête dans le guidon, on ne voit pas ce qui nous pèse. Le voyage permet de nous apporter un regard nouveau sur ces choses qui mettent de la lumière dans notre vie ou au contraire ce qui l’embrument.
Prendre conscience de ses capacités
Après avoir lu de nombreux articles sur le voyage solitaire et l’avoir moi-même expérimenté, je pense que ce qui ressort le plus de ces expériences et la prise de conscience de ses propres capacités. Beaucoup de femmes manquent de confiance en elles s’autocensurent et ne se pensent pas capables de partir seul pour plein de raisons. Lorsqu’elles reviennent, elles disent toutes (qu’elles aient ou non apprécier l’expérience) avoir pris conscience de leur capacité. Quand on parle seule, on est obligé de s’appuyer sur soi-même et on découvre des ressources qu’on n’aurait jamais imaginée.

Les conséquences
Confiance en soi
En voyage, on détricote les stéréotypes liés aux femmes. Les voyageuses apprennent à être en harmonie avec elle-même. Pour les randonneuses par exemple, elles font la paix avec leur corps qui leur permet de parcourir de nombreux kilomètres. Ce corps pas si faible que ça car il en faut de la force et de l’endurance pour faire un trek. La voyageuse ne s’objective plus elle-même. Elle est la personne sur qui elle peut compter.
Reprise du pouvoir
Ce mot pouvoir est fascinant. Il a 2 significations distinctes qui sont remises à 9 par les voyageuses. Tout d’abord, le pouvoir peut être vu comme la possibilité qu’ont les femmes à faire quelque chose avec le voyage. Les femmes montrent leur liberté et jouisse d’autonomie. Le voyage permet donc bien l’empowerment des femmes. Mais le mot pouvoir signifie également ascendant de quelqu’un sur quelqu’un d’autre. Ainsi, on peut voir également l’empowerment des femmes par le voyage comme le glas de la domination des hommes, ces derniers n’ayant plus prise sur les femmes.
À ce propos, j’aimerais partager ici avec vous une anecdote : alors que je parlais avec des connaissances de mon goût pour le voyage en solitaire, un des hommes de l’assistance m’a indiqué qu’une femme indépendante comme moi “faisait peur”. Mon absence de soumission à la gent masculine était pour lui une source de crainte car en effet, voyager seule enlève tout ascendant sur vous. Vous êtes libre. Je suis une femme qui fait peur, autonome, avec du caractère.

Résilience
Lorsqu’on part en voyage, il y a ce que l’on a prévu et il y a surtout ce qu’il ne l’était pas aussi bien pour les bonnes que les mauvaises surprises. Le voyage nous apprend à gérer et accepter l’imprévu.
“Le plan A n’est pas réalisable, alors débrouillons nous pour faire fonctionner le plan B “
Sandberg Sheryl
Pour conclure, je suis convaincue que le voyage permet aux femmes de s’émanciper et de créer des sororités. Et vous, qu’en pensez vous?
Je suis complètement d’accord avec toi ! Pour moi, partir vivre seule à l’étranger m’a permis de savoir que j’étais bien plus forte que ce que je pensais et que je n’avais pas à attendre un homme pour faire ce que je voulais ✊🏾💪🏼💪🏼
J’aimeAimé par 1 personne