Je vous retrouve à nouveau dans « Tour de blog » pour un article invité écrit par Michaëlle, grande rêveuse de 33 ans. Elle rêve constamment d’évasion et de partir à la découverte de nouvelles cultures. Elle fait le pas de voyager seule pour la première fois à l’âge de 24 ans, un an après la fin de ses études d’urbanisme. Même si elle a toujours aimé faire des activités en solitaire, Michaëlle avait principalement voyagé en famille jusqu’alors. Pour ce voyage, son choix se porta sur l’Espagne. Voici son témoignage :
Quelques mois avant mes 24 ans, j’ai souhaité réaliser un voyage en solo. J’y tenais
vraiment. Je sortais d’un stage de fin d’études en master puis d’un CDD de 6 mois. Je ne cherchais pas à avoir une activité professionnelle de manière à pouvoir faire des voyages comme celui-ci et découvrir de nouvelles contrées. Avant de démarrer une vraie vie « d’adulte ». C’était d’autant plus important pour moi que je n’avais toujours voyagé qu’en famille ou qu’entre amis. Aussi, ça n’a pas été une décision très difficile à prendre car je n’ai jamais vraiment attendu sur les autres pour faire ce qui me passait par la tête.
Je commence donc à préparer mon voyage : billet d’avion pour la ville que j’avais choisie à savoir Barcelone, lieu d’hébergement, nombre de jours, etc. Je me souviens avoir passé des heures et des heures jusqu’à tard le soir pour trouver le bon hôtel, bien placé, propre, dont les commentaires étaient majoritairement positifs, et aussi correspondant à mon petit budget. Je voyais des choses sympas mais qui ne me correspondaient pas. Je tiens à préciser que je voulais être seule dans le logement quel qu’il fut : hôtel, location saisonnière, etc.
C’était ma hantise de me retrouver à partager le même toit que des inconnus. Un soir, très tard, je trouve le bon hôtel, tout beau, tout neuf et à un tarif vraiment intéressant. La bonne affaire ! J’ai directement sauté dessus et ai donc réservé à la seconde. J’en avais vraiment marre de chercher.
Toute contente, me voilà en partance pour l’Espagne. Arrivée à Barcelone, je prends les transports jusqu’à l’hôtel. Une fois sortie des transports, je ressors la feuille que j’avais pris le temps d’imprimer et sur laquelle étaient indiqués l’adresse de l’hôtel et tous les détails. A ce moment-là, je vois un détail qui m’avais totalement échappé pendant la réservation et toutes les fois où j’avais regardé cette feuille : « 1x BED SHARED ROOM 8 PEOPLE (UN LIT DANS UNE CHAMBRE PARTAGEE AVEC 8 PERSONNES) ». Là, impossible de vous expliquer à quel point je m’en voulais d’être passée à côté de ce que je redoutais le plus. Je voyageais seule pour la première fois et j’allais dormir avec de parfaits inconnus. Je commence à
négocier avec la dame de l’accueil « Vous n’avez pas de chambre seule ? », « Non, désolée », « Vous avez peut-être des chambres plus petites ? », « Je peux vous proposer une chambre de 6 personnes si vous voulez », « D’accord ». C’était mieux que rien.
En entrant dans la chambre, je découvre 4 gars, un chinois, un canadien, un italien et l’autre, je ne m’en souviens plus. Je me souviens avoir lancé un « Hello » mais je ne me suis pas davantage étendue. J’ai pris connaissance des lieux, ai déposé mes affaires et suis ressortie rapidement. Donc ok, j’allais vraiment passer la nuit, moi jeune femme seule, loin de chez moi, dans un pays étranger bien qu’en Europe, avec 4 gars que je ne connaissais pas. Je tiens à préciser qu’ils n’avaient pas l’air menaçants, bien au contraire. Ils paraissaient assez sympas voire même inoffensifs et probablement aussi gênée que moi par ma présence.
J’arrive à l’hôtel à midi, passe toute l’après-midi et la soirée à l’extérieur de manière à rentrer à l’auberge de jeunesse le plus tard possible. Quand je retourne dans la chambre, les garçons étaient déjà présents et en train de dormir à poings fermés si je me fie aux ronflements que j’ai entendu. Je me souviens de m’être fait une toilette rapide dans notre salle de bains commune et de m’être glissée, très rapidement, dans le lit. A ce moment-là, je ne saurais pas expliquer pourquoi mais je n’avais pas vraiment de crainte. Je dors même plutôt bien compte tenu de mon angoisse de départ.
Le lendemain matin, je me lève avant les autres pour quitter la chambre le plus vite possible. Encore une fois, ils n’étaient pas effrayants. J’étais juste mal à l’aise. Je vais donc prendre ma douche et en me séchant, j’entends une voix féminine qui semble saluer les garçons. En entendant cette voix, j’ai ressenti un soulagement, une joie. Enfin !! Une fille dans cette chambre. Je me prépare le plus vite possible pour la saluer. On sympathise. Elle venait de Londres passer quelques jours seule à Barcelone tout comme moi. On se propose de passer la journée ensemble. Cette matinée-là, l’un des gars de la chambre s’est même joint à nous pour visiter la Sagrada Familia car c’était aussi sa destination.
Elle et moi avons fait un mix de nos programmes qui étaient différents, ce qui m’a permis de faire de très belles activités imprévues telle qu’une balade en bateau ou encore la visite du plus ancien marché couvert de Barcelone « La Boqueria ». C’était une superbe rencontre et elle semblait ravie de partager son séjour avec moi. J’ai passé 3 jours avec elle vraiment agréables. Je me dis que si je n’avais pas réservé ce lit dans cette auberge de jeunesse, ce fameux soir par inattention, j’aurais probablement passé mon séjour seule et il n’aurait pas eu la même saveur (même si je n’ai jamais à séjourné à nouveau en auberge de jeunesse).
Une fois chacune rentrée dans nos pays respectifs, on a un peu continué à échanger puis plus rien. Je garde toutefois un bon souvenir de cette amitié de 3 jours. La morale de cette histoire : La vie nous force parfois à sortir de notre zone de confort pour vivre des rencontres et des expériences enrichissantes et belles.
Vous souhaitez témoigner comme Michaëlle ou participer à cette réflexion autour des voyageuses en Europe? Vous pouvez le faire en me contactant par message ou commentaire sur l’article d’appel à contribution.
ON THE ROAD TO EQUALITY 