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Le blues du retour au pays 

Que cela fasse suite à un voyage en tant que « backpacker » ou une expatriation, le retour au pays et aux habitudes de quotidien dans son pays peuvent être déroutant pour beaucoup de voyageurs. On parle parfois même de déprime de l’impatrié.

Ce blues se manifeste de différentes façons et trouve son origine dans une accumulation de plusieurs choses : retour à un quotidien fade en comparaison de l’expérience vécue, agacement face à des comportement étriqués, isolement, etc.

Pour mieux comprendre ce qu’est ce « blues du retour au pays », nous avons échangé avec Marie-Anne du blog 1001 virages et avons souhaité écrire un article à deux mains sur ce sujet. Partir est parfois difficile et source de nombreuses questions, mais revenir l’est tout autant et cela fait du bien de savoir que nous ne sommes pas seuls à ressentir ça. Nous avons choisi d’écrire ce billet sous la forme d’un dialogue pour vous laisser aussi une place dans cette discussion si vous le souhaitez. N’hésitez pas à nous faire part de vos retours d’expériences en commentaire ou sur les réseaux sociaux (Facebook et Instagram).

Prise de conscience sur nos modes de vie

Marie-Anne : Je suis partie vivre au Burkina Faso et à Chypre, pour des missions de volontariat. L’objectif était de vivre l’expérience de « l’étrangère » et comprendre comment on pouvait s’adapter à un rythme de vie et à une culture différente de la nôtre. Vivre dans ces deux pays a été une superbe expérience et le dépaysement faisait entièrement partie de ce que je recherchais.

Le choc culturel était brutal, mais j’étais entièrement prête à l’époque pour vivre dans ces conditions. J’avais 21 ans et le manque de confort occidental ne m’importai guère. Pour autant, j’ai pris conscience du luxe de nos modes de vie. Par exemple : avoir l’eau potable accessible, l’électricité en continu, une richesse dans la diversité des plats, l’éducation gratuite et laïque, un accès aux soins rapide et remboursé … J’étais jeune et naïve et je réalisais que ces offres qui paraissent évidentes, ne le sont pas pour tout le monde.

Lorsque je suis rentrée en France, c’était à la période de noël et j’étais très mal à l’aise de voir l’abondance partout autour de moi. Je ne comprenais pas que l’on puisse avoir autant chez nous, et si peu ailleurs. Je nous trouvais un peu ridicules à consommer à outrance, à vouloir posséder sans modération et continuer d’entendre râler… Je me disais que si mes amis du pays nous voyaient, ils nous trouveraient bien chanceux et que l’on oubliait de profiter de cette chance.

Lucie : Pour ma part, mes expériences du voyage étaient beaucoup plus courtes, je n’ai jamais été expatriée. Néanmoins, dans certains pays, on est très vite confrontée à la réalité de notre mode de vie qui est pour nous acquise (avoir de l’eau potable, de l’eau chaude pour la douche ou encore l’électricité). Certaines autres choses nous apparaissent encore plus surtout quand elles nous sont cachées comme l’exploitation des enfants par exemple. La prise de conscience sur certaine réalité du monde peut être parfois difficile et pour ma part, j’ai souvent eu du mal à supporter certains européens et leurs mentalités consuméristes. Avoir de l’argent ne fait pas tout et n’autorise pas tout.

 Retour au quotidien

Lucie : C’est un aspect que je trouve compliqué, on a vécu des choses intense, ouvert les yeux sur certaines choses, rencontrer des gens avec qui on a eu des échanges qui nous ont changé. Et du jour au lendemain, on revient à la vie « normale » et on a le temps de penser et se questionner sur le sens de nos vies.

« Quand on fait on ne pense pas, quand on pense on ne fait pas. »

La première fois que ça m’était arrivé, j’étais adolescente et j’avais honte de ne pas réussir à m’adapter à la « vraie vie ». J’ai eu beaucoup de chance qu’une copine ayant vécu cette expérience avant moi me dise que c’était tout à fait normal, que lorsqu’on vit une expérience aussi intense, que l’on créé des liens si fort, avec des sujets qui sont lourd émotionnellement, il est normal d’être un peu déboussolé et de remettre en question son quotidien.

Marie-Anne : Le plus dur au retour a été de trouver un sens dans ce que j’avais vécu. Lors de mes séjours, j’étais une expatriée travaillant pour des situations intenses. J’ai découvert la misère, la violence et l’injustice. Sur le coup, j’encaissais les chocs car cela paraissait normal au pays. Au retour, les situations me sont revenus comme des mauvais rêves et j’ai eu du mal à m’en défaire. Au-delà de découvrir de nouvelles cultures, j’avais aussi cherché à me tester et à murir dans mon expérience de vie. Le retour me paraît indispensable à préparer, il fait partie du voyage finalement !

Lucie : Tout à fait, et parfois le retour n’est pas évident car les proches ne comprennent pas que nous sommes changés. Comment s’est passé ton retour avec ta famille et tes proches ?

Marie- Anne : Je ne me souviens plus trop des retrouvailles avec mes proches, je pense que je suis restée dans ma bulle un peu et que c’était difficile de faire le lien entre ma vie d’avant et celle que je venais de quitter. On se métamorphose quand on change de vie, et j’ai eu besoin de temps pour rassembler les morceaux et devenir entièrement celle que j’étais avec tous ces souvenirs. Mes proches ont été curieux de mes histoires et j’étais très fière de pouvoir leur raconter, mais ils avaient ce détachement qui rendait l’intensité de mes expériences moins profondes pour eux. Alors, j’ai beaucoup écrit aussi pour exprimer tout ce changement et le partager autour de moi. Ils ont cependant respecté le temps de réadaptation, et j’avais anticipé le blues du retour en me rapprochant de ceux qui avaient vécus des expériences similaires, pour pouvoir discuter de ce moment particulier du retour et me sentir moins seule dans cette nostalgie.

Gérer le blues et préparer son retour

Marie-Anne : La première fois que je suis partie, j’ai été formée par une association qui m’a donnée quelques pistes :

  • Se préparer une lettre avant de partir pour noter nos aspirations, ce qu’on imagine de cette aventure, ce qu’on aimerait vivre, ce qu’on aimerait avoir pour le retour… Ça permet de se projeter, de se rappeler qui on était avant de partir et comment on a changé. C’est un peu de réconfort aussi de prendre ce temps pour soi-même.
  • Avoir quelques connaissances qui ont vécu ou qui vivent la même expérience, cela permet d’échanger et de conserver cette petite flamme du voyage, d’être nostalgique à plusieurs et d’avoir des ressources pour exprimer le « sodade » comme dit si bien Evora Cesaria. Le must, c’est de partir avec quelqu’un, je ne promets pas que vous viviez la même expérience, mais au retour vous aurez le plaisir d’avoir cette complicité et de pouvoir conserver des souvenirs qui rendront tout cela encore vivant !
  • Avoir des objectifs avant de rentrer, pour pouvoir s’accrocher à un projet et donner une suite à ce que l’on a vécu. Trouver un engagement qui permette de s’investir ailleurs et ne pas rester dans la nostalgie du voyage constant.
  • Pendant le séjour, s’envoyer des colis d’objets du voyage et avoir le plaisir de les ouvrir au retour. Ça permet de conserver un peu de dépaysement…
  • Avant de partir, savoir pourquoi on veut partir. Si on part, ce n’est pas seulement pour voir du pays c’est aussi pour se découvrir soi-même. Savoir ce que l’on cherche à travers ce type d’expériences, ce n’est forcément pas évident, mais ça permet clairement de vivre l’expérience à fond et de préparer son retour avec sérénité.

Et puis, lorsque j’ai décidé de rentrer en France pour continuer mes études, j’avais comme ambition de repartir le plus vite possible. La préparation d’un séjour à l’étranger est tellement excitant, je voulais conserver cette intensité de vie. J’ai cependant dû calmer un peu le jeu, pour m’investir dans mes projets. M’installer et apprendre à me poser ont été des expériences aussi puissantes qu’un voyage. J’ai pris le plaisir d’apprendre à visiter autour de moi, notamment grâce au Covid, en me challengeant sur les manières de me déplacer : en stop, à pied, à vélo… Les rencontres sont toutes aussi vibrantes qu’à l’étranger ! J’ai cherché les événements qui me permettaient d’échanger avec des étrangers, pour garder l’esprit de la rencontre et de l’interculturalité. J’ai également téléchargé des applis pour discuter avec des personnes du bout du monde, ça me permettait de conserver mon English et de garder l’esprit ouvert vers de nouveaux horizons. L’esprit du voyage est toujours avec moi, le blues du retour est une histoire ancienne !

Lucie : Oui le voyage est un état d’esprit, c’est une ouverture qu’on a sur le monde et maintenir ce fil dans son quotidien aide beaucoup. Pour ma part, quand je pars dans un pays, je reviens avec un livre de cuisine. Comme ça, quand j’ai un peu le blues de la vie sédentaire et du quotidien, je peux repartir m’immerger dans une autre culture à travers la cuisine.

Pour moi, avoir de objectifs en rentrant est important mais n’est pas suffisant, car même si on croule sous le travail, le fait d’avoir l’impression d’être dans un tunnel et de ne pas vivre mais survivre n’est pas une bonne solution. Ce qui m’aide le plus c’est d’avoir de la gratitude pour tout ce que j’ai dans mon quotidien et que je n’avais plus lors du voyage. Ça me permet de retrouver une forme d’équilibre. Après chacun réagis différemment et ressent les choses à sa façon.

Et vous cher(e)s lecteurs/lectrices, avez-vous déjà ressenti le « blues du retour au pays » ? Si oui comment votre retour s’est passé ? Comment l’avez-vous géré ?

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